La vraie nature

Un étudiant zen vint voir Bankei et lui dit :
"Maître, j'ai un caractère impulsif, ingérable - Comment puis-je y remédier ?"
"Montre-moi ce caractère", dit Bankei, "C'est tout à fait fascinant !"
"Je ne l'ai pas tout de suite" dit l'étudiant, "Je ne peux pas vous le montrer comme ça."
"Bon, alors" dit Bankei,"Apporte -le moi quand tu l'auras."
"Mais je ne peux pas vous l'amener juste lorsqu'il se manifeste," protesta l'étudiant,
"Ça se produit sans prévenir, et je vais le perdre en chemin avant de pouvoir vous le montrer !"
"Dans ce cas" dit Bankei, "Il ne peux pas faire partie de ta VRAI NATURE, car si c'était le cas tu pourrais me le montrer n'importe quand. Lorsque tu es né, tu ne l'avais pas, et tes parents ne te l'ont pas donné non plus ' C'est donc quelque chose qui te vient de l'extérieur. Je suggère que lorsqu'il t'envahit, tu te frappes avec un bâton jusqu'à ce que ce caractère n'en puisse plus et s'enfuit."

LA VRAIE NATURE EST votre nature éternelle. Vous ne pouvez pas l’avoir et ne pas l’avoir, ce n’est pas quelque chose qui va et vient – c’est VOUS. Comment pourrait-elle venir et s’en aller ? C’est votre ÊTRE. C’est votre fondation même. Elle ne peut pas ÊTRE parfois, et parfois NE PAS ÊTRE ; elle est toujours là.  C’est donc un critère de base pour un chercheur qui cherche la vérité, ou la nature réelle, ou le tao : que l’on doive arriver à toucher le point de notre être qui demeure inchangé, sans fin – il était là avant que vous ne naissiez, et quand vous serez mort il sera là aussi. C’est le centre.
La superficie change, le centre est – et de façon absolue – éternel, il est au-delà du temps.
Rien ne peut l’affecter, rien ne peut le modifier, rien ne le touche jamais ; il reste hors d’atteinte du monde extérieur.
Allez voir la mer et observez-la. Il y a des millions de vagues, mais dans sa profondeur, la mer reste calme, immobile, profondément en méditation. L’agitation n’est qu’à la surface, là où la mer rencontre le monde extérieur, les vents. Autrement, d’elle-même, elle reste toujours la même, pas une ride, rien ne change…
C’est la même chose avec VOUS. En surface, à la superficie, là où vous rencontrez les autres, il y a de l’agitation, de l’anxiété, de la colère, de l’attachement, de la convoitise, de puissants désirs – juste à la surface, là où les vents se lèvent et vous touchent ! Et si vous restez en surface, il vous est impossible de modifier cette zone de perturbations ; le chaos va se poursuivre. Beaucoup de gens essaient de provoquer une modification à partir de là, à partir de la superficie. Ils se battent, ils essaient d’empêcher toute vague de se lever.
Et à cause de leur lutte, encore plus de vagues apparaissent, car quand la mer se bat avec le vent, il y a encore plus d’agitation : et ce n’est pas dû seulement au vent, la mer s’y met aussi, et il y a un grand chambardement à la surface.
Tous les moralistes essaient de changer l’homme en surface, à sa superficie….. Votre caractère fait partie de la superficie (du superficiel) : vous n’amenez aucun caractère dans le monde avec vous. Vous arrivez absolument sans aucun caractère, une feuille blanche, et la totalité de ce que vous appelez ‘votre caractère’ est écrit par d’autres : vos parents, la société, les professeurs, ce qu’on vous a appris – tout cela est du conditionnement. Vous arrivez comme une feuille blanche et tout ce qui s’écrit sur vous vient des autres. À moins que vous ne redeveniez une feuille blanche, vous ne saurez pas ce qu’est la nature, le naturel, vous ne saurez pas ce qu’est ‘Brahma’, ce qu’est ‘Tao’.
Le problème n’est donc pas comment ne pas avoir un caractère impulsif ingérable, le problème n’est pas d’atteindre l’état sans colère, ou comment ne pas être perturbé – non, le problème n’est pas là. Le problème est : comment faire passer votre conscience de la périphérie, au centre. Car là, soudainement, vous constaterez que vous avez toujours été calme. Vous pourrez alors regarder la périphérie, à distance, et cette distance est si grande, si infinie, que vous pourrez voir les choses comme si elles ne vous arrivaient pas, à vous. En fait, ça n’arrive jamais à VOUS. Même quand vous êtes complètement emporté dans ce qui se passe, ça n’arrive jamais à VOUS : une part de vous reste imperturbable, quelque chose en vous reste hors d’atteinte, quelque chose en vous reste un témoin.
Pour un chercheur, le seul problème est donc comment faire passer son attention de la périphérie, au centre. Comment s’immerger dans ce qui ne change jamais, et ne pas s’identifier avec ce qui n’est qu’en surface, à la frontière avec l’extérieur. À ce niveau, les autres ont une grande influence, car, à la superficie, le changement est naturel. La superficie ne cesse de changer – même la superficie d’un Bouddha change.
La différence entre un bouddha et vous n’est pas une différence de caractère – rappelez-vous le. Ce n’est pas non plus une différence de moralité, ce n’est pas une différence de vertu ou de non-vertu, la différence concerne l’endroit où vous êtes enraciné. Vous êtes enraciné à la périphérie (dans le superficiel), un bouddha est enraciné dans le centre. Il peut regarder sa propre périphérie à distance. Si vous le frappez, il peut le voir, mais comme si vous aviez frappé quelqu’un d’autre, parce que le centre est TELLEMENT loin ! C’est comme s’il était sur une hauteur et que quelque chose se produisait dans la vallée et qu’il pouvait le voir. C’est la première chose à comprendre.
La seconde chose est celle-ci : c’est très facile de contrôler une énergie, c’est beaucoup plus difficile de la transformer.
C’est très facile de contrôler. Vous pouvez contrôler votre colère, mais qu’allez-vous en faire ? – vous allez la refouler. Et qu’arrive-t-il quand vous réprimez quelque chose ? Sa direction change : elle allait sortir, et si vous la réprimez, elle se replie à l’intérieur – c’est seulement sa direction qui change.
Or, c’est une bonne chose que la colère sorte, car le poison doit être évacué. C’est mauvais que la colère se replie à l’intérieur de vous, parce que cela veut dire que tout votre ensemble corps-mental va être empoisonné par elle.
Et si vous faites cela pendant une longue période - et tout le monde fait cela, car la société enseigne le contrôle, pas la transformation…
La société dit : « Contrôlez-vous ! », et avec ce contrôle, toutes les choses négatives sont renvoyées de plus en plus profond dans l’inconscient ; elles deviennent quelque chose de permanent en vous. Peu importe après cela que vous soyez parfois en colère et que d’autres fois vous ne le soyez pas – vous êtes simplement en colère. Parfois vous explosez, parfois vous n’explosez pas – mais vous pourriez trouver un prétexte à tout moment.
Un homme, un de mes amis, voulait divorcer, aussi alla-t-il voir un avocat, un expert en mariage, et il lui demanda : « Pour quel motif est-ce que je peux divorcer ? » L’avocat le regarda et lui demanda : « Êtes-vous marié ? »
L’homme dit : « Oui, bien sûr ! » L’avocat lui dit : « Être marié est suffisant. Il n’est pas nécessaire de chercher d’autres motifs. Si vous voulez divorcer, la seule chose qui soit nécessaire c’est d’être marié – il serait impossible de divorcer si vous n’étiez pas marié. Si vous êtes marié – ça suffit ! »
Et là, c’est la même chose : VOUS ÊTES EN COLÈRE. Vu que vous avez tellement réprimé votre colère, il n’y a plus aucun moment où vous n’êtes pas en colère ; au mieux, vous êtes parfois moins en colère… et parfois plus. Tout votre être a été perverti par la répression : vous mangez en colère – et il y a une qualité différente quand une personne mange sans colère : c’est beau à voir, car la personne mange sans violence ; même si elle mange de la viande, elle mange sans violence. Il est possible que vous ne mangiez que des légumes et des fruits, mais si votre colère a été réprimée, vous mangerez avec violence.
Par le fait même de manger, vos dents, votre bouche libèrent la colère. Vous mâchez votre nourriture comme si elle était votre ennemie. Et rappelez-vous, quand les animaux sont en colère, que font-ils ? Seulement deux choses leur sont possibles – ils n’ont pas d’arme, pas de bombe atomique, que font-ils ? Ils vont vous attaquer soit avec leurs griffes, soit avec leurs dents. Ce sont les armes naturelles du corps : les griffes et les dents. Vous ne pouvez pas faire grand chose avec vos ongles parce que les gens vont dire « Êtes-vous un animal ? » La seule chose qui vous reste pour exprimer facilement votre colère, ou votre violence, est la bouche – mais là aussi vous ne pouvez pas mordre les gens. C’est pourquoi l’on dit ‘mordre à pleine dents’, une tranche de pain par exemple, ou une ‘bouchée’ de nourriture, quelques bouchées… (en anglais le mot bite veut dire bouchée ou morsure – le verbe to bite veut dire mordre)
Vous mangez votre nourriture avec violence, comme si la nourriture était votre ennemie.
Et rappelez-vous, quand la nourriture est votre ennemie, elle ne vous nourrit pas RÉELLEMENT, elle nourrit tout ce qui est malade en vous. Les gens qui ont profondément réprimé leur colère mangent davantage. Ils accumulent plus de graisse dans leur corps – et avez-vous remarqué que les personnes en surpoids sont presque tout le temps en train de sourire ? Sans raison, même s’il n’y a rien de particulier, les personnes en surpoids sourient tout le temps. Pourquoi ?
Ce n’est que sur leur visage, c’est un masque : elles ont tellement peur de leur colère, de leur violence, qu’elles sont obligées de conserver un sourire sur leur visage – et elles mangent systématiquement trop.
Manger plus que nécessaire est de la violence, de la colère. Et cela va s’étendre à tous les aspects de votre vie : si vous faites l’amour, ça ressemblera plus à de la violence qu’à de l’amour, ce sera très agressif.
Comme vous n’avez pas l’occasion de voir d’autres personnes faire l’amour, vous ne vous rendez pas compte de ce qui se passe ; vous ne pouvez pas savoir ce qui vous arrive, car vous êtes presque toujours dans un processus d’agression.
C’est pourquoi un orgasme profond devient impossible. Au fond de vous, vous avez peur - si vous vous laissiez aller sans contrôle - de tuer votre femme, ou votre partenaire, ou de tuer votre mari ou votre partenaire. Vous êtes tellement terrifié-e par votre propre colère !
La prochaine fois que vous ferez l’amour, observez : vous vous verrez faire les mêmes mouvements que ceux que vous faites quand vous êtes agressifs. Regardez votre visage, gardez un miroir prêt de vous pour pouvoir regarder ce qui se passe sur votre visage. Toutes les déformations de la colère et de l’agression y seront présentes.
En prenant votre repas, vous êtes en colère : regardez une personne manger…
Regardez une personne faire l’amour – la colère s’est installée si profond que même dans l’amour, une activité totalement opposée à la colère – même cela est perverti. Manger… une activité absolument neutre, cela aussi est contaminé. Dans le simple fait d’ouvrir une porte, la colère est là, vous posez un livre sur une table et il y a de la colère – car vous êtes maintenant la colère personnifiée !
À cause de la répression, votre mental s’est divisé. La partie que vous acceptez devient le conscient, et la partie que vous rejetez devient l’inconscient. Cette division n’est pas naturelle, elle s’est produite à cause de la répression. Et dans l’inconscient vous mettez continuellement tout ce que la société rejette – mais rappelez-vous, tout ce que vous rejetez là devient de plus en plus une partie de vous : cela atteint vos mains, vos os, votre sang, les battements de votre cœur. Les psychologues disent que presque quatre vingt pour cent des maladies sont causées par les émotions réprimées : s’il y a tellement d’attaques cardiaques cela veut dire que beaucoup de colère a été réprimée dans le cœur – tellement de haine… que le cœur en est empoisonné.
Pourquoi ? Pourquoi l’homme se réprime-t-il autant et devient malade ? Parce que la société vous apprend à contrôler, pas à transformer, et la voie de la transformation est complètement différente. C’est complètement différent du contrôle, c’est même l’opposé. Dans le contrôle vous refoulez, dans la transformation vous exprimez. Mais il n’est absolument pas nécessaire de projeter quoi que ce soit sur quelqu’un d’autre. La prochaine fois que vous piquerez une colère, sortez et faites sept fois le tour de la maison, et puis asseyez-vous sous un arbre et regardez où la colère est partie. Vous ne l’avez pas réprimée, vous ne l’avez pas contrôlée, vous ne l’avez projetée sur personne – parce que si vous la projetez sur quelqu’un,  une chaîne de réactions se crée, parce que l’autre est aussi ignorant que vous, aussi inconscient que vous. Si vous la projetez sur quelqu’un… si l’autre personne est une personne éveillée, il n’y aura pas de problème : elle vous aidera à faire sortir cette colère, à vous en libérer à travers une catharsis.
Mais l’autre est ordinairement aussi ignorant que vous – si vous projetez votre colère sur lui, il va réagir. Il va projeter sur vous encore plus de colère, car il est autant dans la répression que vous.
Alors une chaîne d’actions et de réactions se forme : vous l’agressez, il vous agresse, et vous devenez des ennemis l’un de l’autre. Ne projetez rien sur les autres. C’est la même chose que lorsque vous avez envie de vomir : vous n’allez pas vomir sur quelqu’un d’autre ! La colère aussi a besoin d’être vomie.
Lorsque vous avez envie de vomir, vous allez aux toilettes et vous vomissez. Cela nettoie tout votre corps – si vous vous abstenez de vomir, cela peut devenir dangereux et quand vous avez vomi vous vous sentez soulagé, libéré, frais, bien, vous retrouvez la santé. Quelque chose n’était pas bon dans la nourriture que vous aviez prise et le corps la rejette. Ne vous forcez pas à garder cela en vous. La colère est juste un vomi mental. Vous avez pris quelque chose qui n’est pas bon et votre psyché veut le rejeter, et il n’y a aucune raison de jeter cela sur quelqu’un. Parce que les gens projettent habituellement leur colère sur quelqu’un d’autre, la société dit de la contrôler.
Il n’y a aucune raison de projeter sa colère sur quelqu’un. Vous pouvez aller aux toilettes, vous pouvez aller faire une longue marche… il se passe en vous quelque chose qui a besoin d’une activité intense pour pouvoir être libéré. Partez faire un jogging et vous allez voir que ça disparaît, ou prenez un coussin et battez-le, battez-vous avec le coussin, mordez-le jusqu’à ce que vos mains et vos dents se relâchent. En quelques minutes de catharsis, vous vous sentirez déchargé, et une fois que vous connaîtrez cela, vous n’irez plus jamais la projeter sur personne, parce que c’est absolument ridicule.
Dans le processus de transformation, la première chose est donc d’exprimer la colère, mais pas sur quelqu’un, car si vous la projetez sur quelqu’un vous ne pouvez pas l’exprimer totalement. Vous aimeriez peut-être tuer, mais ce n’est pas possible ; vous aimeriez peut-être mordre, mais ce n’est pas possible. Mais cela peut être fait avec un coussin, un oreiller. Un coussin veut dire « déjà illuminé » : le coussin est illuminé, c’est un bouddha. Le coussin ne va pas réagir, il ne va pas vous traîner devant un tribunal, et il ne va garder aucune inimitié contre vous - le coussin, ne FERA rien du tout. Il sera heureux, et il rira de vous !
La seconde chose à se rappeler est celle-ci : soyez conscient. Dans le contrôle aucune conscience vigilante n’est nécessaire, il suffit de le faire mécaniquement, comme un robot. Quand la colère arrive, un mécanisme se met en route – tout votre être se rétrécit et se ferme. Si vous étiez présent, le contrôle ne serait pas aussi facile. La société ne vous enseigne jamais d’être attentif à ce qui se passe en profondeur, car quand quelqu’un est vraiment présent, il est ‘grand ouvert’. Cela fait partie du fait d’être conscient – on est ouvert, et donc si vous voulez réprimer quelque chose et que vous êtes ouvert, c’est contradictoire, il est possible que ce que vous vouliez réprimer s’exprime au contraire. La société vous apprend comment vous refermer sur vous-même, comment vous replier intérieurement – elle ne vous permet même pas une petite fenêtre, car rien ne doit sortir. Mais rappelez-vous : quand rien ne sort, rien ne rentre non plus. Quand la colère ne peut pas sortir, vous êtes enfermé : si vous touchez un superbe rocher vous ne ressentez rien ; si vous regardez une fleur, rien ne vous touche, vos yeux sont morts, fermés.
Vous embrassez une personne, mais vous ne recevez rien, car vous êtes fermé. Vous vivez une vie d’insensibilité.
La sensibilité grandit avec la conscience.
Par le contrôle vous devenez maussade et figé – cela fait partie du mécanisme du contrôle : si vous êtes maussade et amorphe rien ne vous touchera plus, c’est comme si le corps était devenu une citadelle, un fort. Rien ne vous touche plus, ni l’insulte, ni l’amour.
Mais ce contrôle coûte très cher, il a un coût inutile. Ça devient l’effort de toute votre vie : comment vous contrôler ! - et puis il n’y a plus qu’à mourir… L’effort que vous faites pour vous contrôler vous prend toute votre énergie, et puis naturellement vous mourez ! La vie devient quelque chose de sinistre et de mort, vous ne faites que la subir.
La société vous enseigne le contrôle et la condamnation, car un enfant ne va se contrôler que quand il sent que quelque chose est absolument condamnable. ‘La colère c’est mal’, ‘le sexe c’est mal’…, tout ce qui doit être contrôlé doit d’abord être présenté à l’enfant d’une certaine façon pour que ça lui apparaisse comme un péché, pour qu’il reconnaisse que c’est… ‘le mal’ !
Le fils de Mulla Nasruddin grandissait, il avait dix ans, et Mulla pensa : il est maintenant temps, il est assez âgé, les secrets de la vie doivent lui être révélés. Il fit venir son fils dans son bureau pour lui parler des choses du sexe, chez les oiseaux et les abeilles. Et puis à la fin il lui dit, « Quand tu sentiras que ton jeune frère pourras comprendre, tu lui expliqueras tout ça aussi. »
Quelques minutes plus tard, alors qu’il passait dans la chambre des enfants, il entendit que le plus âgé, celui qui avait dix ans, était déjà au travail ! Il disait à son jeune frère : « Écoute-moi, tu sais ce que les gens font, ce truc que les gens font quand ils veulent un bébé ? Papa m’a dit que les oiseaux et les abeilles faisaient aussi ce truc débile. »
Une profonde condamnation s’installe à propos de tout ce qui est vivant. Et le sexe est la chose la plus vivante – elle doit l’être ! C’est la source. La colère est elle aussi une des choses les plus vivantes, car c’est une force de protection. Si un enfant ne pouvait pas du tout être en colère, il serait incapable de survivre. On doit être en colère à certains moments. L’enfant doit montrer qu’il existe, il doit parfois montrer qui il est. Autrement il n’aurait pas de cran.
La colère est belle, le sexe est beau. Mais de belles choses peuvent devenir laides. Ça dépend de vous.
Si vous les condamnez elles deviennent laides. Si vous les transformez elles deviennent divines.
La colère transformée devient compassion – car l’énergie en est la même. Un bouddha est compassion, d’où vient cette compassion ? C’est la même énergie que celle qui constituait la colère, mais maintenant elle n’est plus de la colère, elle est transformée en compassion. D’où vient l’amour ? Un Bouddha est aimant, un Jésus est amour. La même énergie qui constituait le sexe devient amour.
Alors rappelez-vous, si vous condamnez un phénomène naturel, il devient toxique, il vous détruit, il devient destructeur et suicidaire.
Si vous le transformez, il devient divin, il devient un élixir. À travers lui vous parvenez à l’immortalité, vous devenez un être éternel. Mais une transformation est d’abord nécessaire.
Dans la transformation vous ne contrôlez jamais, vous devenez simplement plus conscient. La colère se produit : vous devez être conscient que la colère est là – observez-la ! C’est un phénomène superbe : l’énergie qui bouillonne à l’intérieur de vous, qui s’échauffe !
C’est comme l’électricité dans les nuages.
Dans les temps anciens, les gens avaient peur de l’électricité, ils ne savait pas ce que c’était, ils croyaient que les éclairs manifestaient la colère de leur dieu – il devenait menaçant, il voulait les punir, faire naître la peur pour forcer les gens à l’adorer.
Leur dieu voulait montrer sa présence et menaçait de les punir. Mais nous avons maintenant domestiqué ce dieu là. Maintenant ce dieu fait tourner nos ventilateurs, il fait marcher nos climatiseurs, nos réfrigérateurs – ce dieu vous sert pour tout ce dont vous avez besoin. Ce dieu est devenu une force domestique, il n’est plus en colère, ni menaçant. À travers la science, une force extérieure a été transformée en amie.
En ce qui concerne les forces intérieures, la même chose se produit à travers la dimension religieuse. La colère c’est comme de l’électricité dans votre corps : vous ne savez pas quoi en faire. Ou bien vous tuez quelqu’un, ou bien vous vous tuez vous-même. La société admet que si vous vous tuez vous-même il n’y a pas de problème, ça ne concerne que vous, mais ne tuez personne d’autre ! Et en ce qui concerne la société tout est bien comme ça. Donc vous avez le choix, soit de devenir agressif, soit de vous réprimer.
L’approche réellement spirituelle consiste à voir que ces deux attitudes sont fausses. La chose essentielle c’est de devenir conscient et de découvrir le secret de cette énergie, de cette colère, de cette électricité intérieure. C’est de l’électricité puisque vous vous échauffez. Quand vous êtes en colère, votre température augmente, et vous êtes alors incapable de comprendre le calme d’un bouddha – pourtant, quand la colère est transformée en compassion, tout est tranquille.  Une profonde tranquillité est là. Un Bouddha n’est jamais en Ébullition, il est toujours calme, centré, parce qu’il sait maintenant comment se servir de cette électricité intérieure. L’électricité est brûlante, elle est à l’origine de l’air conditionné. La colère est brûlante – elle devient la source de la compassion.
La compassion, c’est l’air conditionné intérieur. Soudain tout est décontracté et magnifique, et plus rien ne peut vous perturber, l’existence entière s’est transformée en amie. Il n’y a plus d’ennemis… quand vous regardez avec les yeux de la colère, l’autre devient l’ennemi ; quand vous regardez avec les yeux de la compassion, tout le monde est un ami, un intime. Quand vous aimez, Dieu est partout ; quand vous haïssez, le diable est partout. C’est votre façon de voir les choses qui se projette sur la réalité.
Une conscience vigilante est nécessaire, pas la condamnation – et avec cette conscience attentive, la transformation se produit spontanément. Si vous devenez conscient de votre colère, une profonde compréhension s’installe - rien qu’en regardant, sans jugement, sans dire ‘c’est bien’ ou ‘c’est mal’, juste en regardant votre ciel intérieur.
Il y a des éclairs, la colère, vous vous sentez fébrile, tout votre système nerveux tremble, vibre, et vous le ressentez dans tout le corps – un magnifique moment, parce que quand l’énergie est en pleine action, vous pouvez la voir facilement ; quand elle est calme vous ne pouvez pas la voir.
Fermez les yeux et méditez sur elle. Ne vous battez pas, regardez seulement ce qui se passe – tout le ciel est rempli d’électricité, plein d’éclairs, quelle beauté ! – étendez-vous simplement sur le sol, regardez le ciel, observez, et puis faites la même chose à l’intérieur de vous.
Il y a beaucoup de nuages, car sans les nuages il ne peut pas y avoir d’éclairs – ce sont des nuages noirs, des pensées.
Quelqu’un vous a insulté, quelqu’un a ri de vous, quelqu’un a dit une chose ou une autre… plein de nuages, de sombres nuages dans votre ciel intérieur, et plein d’éclairs.
Observez ! C’est une très belle scène – terrible aussi, car vous ne comprenez pas. C’est mystérieux, et si le mystère n’est pas compris ça devient terrible, ça vous fait peur. Quand un mystère est compris, il devient pure grâce, un cadeau, car maintenant vous possédez les clés – et avec les clés vous êtes le maître.
Vous n’essayez pas de contrôler la situation, vous en devenez tout naturellement le maître quand vous êtes conscient. Et plus vous devenez conscient, plus profond vous allez en vous, car la conscience est un processus qui vous emmène à l’intérieur de vous ; la conscience va toujours au plus profond : si vous devenez plus conscient, vous êtes davantage à l’intérieur, si vous devenez totalement conscient, vous êtes totalement centré. Au contraire, plus vous vous éloignez, moins vous devenez conscient ; pour finir vous devenez complètement inconscient – vous êtes ‘ailleurs’, hors de la maison, errant quelque part…
L’inconscience est une errance hors de vous-même,  la conscience, elle, est un approfondissement intérieur. Alors regardez ! – car quand il n’y a pas de colère, c’est plus difficile de voir : que regarder ?… le ciel est si clair, et vous n’êtes pas encore capable de regarder le vide.
Quand la colère est là, regardez, observez, et vous allez rapidement voir un changement se produire. Dès que l’observateur entre en jeu, la colère commence déjà à se calmer, l’emportement se dissipe. Vous pouvez comprendre que l’emportement vient de vous, c’est votre identification avec lui qui le rend ‘extrême’, mais lorsque vous comprenez qu’il n’est pas aussi fort que cela, la peur disparaît, et vous ne vous sentez plus identifié avec lui, vous vous voyez séparé, à distance. Vous devenez observateur : au loin, dans la vallée, plein d’éclairs… la distance grandit de plus en plus… et un moment arrive subitement où vous n’êtes plus du tout lié à eux. L’identification est brisée, et à ce moment même, IMMÉDIATEMENT, la chaleur de l’emportement se transforme en tranquillité – la colère devient compassion.
Le sexe est un processus extrême, brûlant, l’amour non. Mais partout dans le monde les gens parlent de la ‘chaleur de l’amour’. L’amour n’est pas brûlant, l’amour est absolument cool, mais pas froid – il n’est pas froid parce qu’il n’est pas mort. Il est juste frais, comme une douce brise. Mais il n’est pas brûlant, pas chaud. À cause de l’identification de l’amour avec le sexe, l’idée est venue que l’amour devait être ‘chaud’.
Le SEXE est brûlant. C’est de l’électricité, et vous êtes identifié avec elle.
Plus il y a d’amour, plus il y a de fraîcheur – vous pourriez peut-être même trouver qu’un amour détendu est froid, mais cela vient de votre incompréhension, parce que vous croyez que l’amour doit être brûlant.
Il ne peut pas l’être. La MÊME énergie, quand il n’y a pas d’identification, devient fraîcheur, spontanéité, simplicité.
La compassion est détendue, et si votre compassion est encore brûlante, comprenez que ce n’est pas de la compassion. Il y a des gens qui sont trop ‘chauds’, et ils croient déborder de compassion. Ils veulent transformer la société, ils veulent changer les structures, ils veulent ceci et cela… ils veulent amener l’utopie dans le monde : les révolutionnaires, les communistes, les utopistes – ils sont très chauds.
Et ils se croient plein de compassion – non, ils n’ont que de la colère. Ils en ont changé l’objet. Leur colère n’a plus le même objectif, son objet est impersonnel – il est devenu la société, les structures de la société, l’état, la situation du monde. Ce sont des gens très ‘chauds’. Lénine, Staline, Trotski – ces sont des gens en ébullition, mais ils ne sont contre personne en particulier, ils sont contre les structures.
Gandhi était une personne enflammée – contre l’Empire Britannique. L’objet était impersonnel, c’est pourquoi vous ne pouviez pas voir qu’il était chargé de colère – mais c’était de la colère. Il voulait changer quelque chose dans le monde extérieur, et il voulait le faire immédiatement, si bien qu’il était impatient, au combat. Ce combat peut très bien choisir la non violence comme moyen, mais le combat lui-même est de la violence. La bataille elle-même est violence. Vous pouvez choisir de vous battre avec les moyens de la non violence – les femmes ont toujours fait ce choix. Gandhi n’a rien fait d’autre, il a simplement utilisé le truc des femmes.
Si un mari veut se battre, il va taper sur sa femme ; si la femme veut se battre, elle va se taper dessus, elle va taper sur elle ! C’est aussi vieux que la femme – et la femme est plus vieille que l’homme ! Elle va se mettre à se maltraiter elle-même, c’est sa façon de combattre. Elle est violente, violente contre elle. Et rappelez-vous : à battre une femme, vous allez vous sentir coupable, et tôt ou tard vous allez devoir faire demi tour et trouver un compromis. En se maltraitant elle-même, la femme ne se sent jamais coupable. Ainsi voici ce qui se passe : ou bien vous battez une femme et vous vous sentez coupable, ou bien elle se maltraite elle-même… et finalement c’est encore vous qui vous sentez coupable d’avoir créé une situation qui l’a amené à faire cela. Dans les deux cas… elle gagne !
L’Empire Britannique s’est retrouvé battu parce que c’était une force agressive mâle, et qu’il n’a pas pu comprendre cette approche féminine du combat utilisée par Gandhi : il décidait de jeûner jusqu’à ce que mort s’en suive – et le mental britannique se sentait extrêmement coupable. Du coup vous ne pouviez pas tuer cet homme, car il ne se battait pas du tout contre vous, il ne faisait que purifier sa propre âme – un vieux truc féminin, mais qui marche ! Il n’y aurait eu qu’une solution pour battre Gandhi, mais elle était impossible. Il aurait fallu que Churchill décide de jeûner jusqu’à ce que mort s’en suive, et c’était impensable !
Ou bien vous êtes emporté contre quelqu’un en particulier, ou bien vous l’êtes contre la structure sociale en général, mais l’emportement, l’ébullition, demeure.
Un Lénine n’est pas ‘la compassion’, ça ne se peut pas. Bouddha est compassion – il ne se bat contre rien, il se contente d’ÊTRE et il autorise les choses à être comme elles sont ; elles ont leur propre dynamique. Les sociétés changent d’elles-mêmes, il n’y a pas besoin de les changer ; elles changent tout comme les arbres changent selon les saisons. Les sociétés changent d’elles-mêmes – les vieilles sociétés meurent d’elles-mêmes, il n’y a pas besoin de les détruire ! Et de nouvelles sociétés naissent exactement comme naissent de nouveaux enfants, de nouveaux bébés - qui naissent d’eux-mêmes.
Il n’y a pas besoin de provoquer un avortement, il se produit automatiquement, de lui-même.
Les choses bougent et changent. Un homme réellement de compassion serait cool, il ne pourrait vraiment pas être un révolutionnaire, parce que la révolution nécessite un esprit, un cœur, et un corps, surchauffés !
Pas de contrôle, pas de projections sur l’autre, davantage de conscience immédiate – et alors la conscience glisse de la superficie à la profondeur, au centre.
Maintenant essayez de comprendre cette magnifique anecdote :
Étudiant Zen vint voir Bankei et lui dit : « MaÎtre, j’ai un caractÈre impulsif inGÉRable – comment puis-je y remÉdier ? »

Il a accepté le fait qu’il avait un caractère impulsif ingérable, et maintenant il veut se soigner. Quand il y a quelque chose qui ne va pas en vous, essayez d’abord de déterminer s’il s’agit vraiment d’un mal réel, d’une maladie ou s’il s’agit d’un malentendu, parce que s’il s’agit d’un problème réel, il peut être soigné, mais s’il n’est pas réel, juste une erreur d’interprétation, alors aucun médicament ne sera efficace. Au contraire, tout médicament qui vous serait donné serait nocif. Donc soyez absolument clair sur le diagnostic. Y a-t-il réellement quelque chose, ou êtes-vous seulement en train de fantasmer, croyez-vous seulement qu’il y a quelque chose ? Peut-être n’y a-t-il rien du tout, ce n’est peut-être qu’une erreur d’interprétation. Et vu comment l’être humain est perturbé, la plupart de nos maux n’existent pas – on ne fait que croire qu’ils existent.
Vous êtes, vous aussi, dans le même bateau, alors essayez ce comprendre cette histoire très profondément, cela peut vous aider :

L’étudiant dit : « MaÎtre, j’ai un caractÈre impulsif inGÉRable – comment puis-je y remÉdier ? »

Il accepte sa maladie, il n’a aucun doute à son sujet, et il demande comment être guéri. Ne demandez jamais le remède. Essayez d’abord de découvrir si la maladie existe ou non. Commencez par plonger dedans, essayer de poser un diagnostic, faites un examen minutieux – intéressez-vous d’abord aux effets réels avant de demander un remède.
N’acceptez jamais aucune maladie à partir de ce qui se passe en surface, parce que la surface… c’est là où vous rencontrez les autres, où les autres se reflètent en vous, la surface c’est là où les autres vous influencent !
Peut-être n’y a-t-il aucune maladie, c’est peut-être juste le reflet des autres.
Imaginez un lac silencieux et vous vous tenez debout, au bord, avec votre robe orange, et l’eau près de vous semble être orange, elle vous réfléchit. Le lac peut penser qu’il est devenu orange : comment me débarrasser de cela ? où trouver un remède ? à qui m’adresser ?
N’allez pas voir les experts tout de suite. Essayez d’abord de découvrir si c’est vraiment une maladie ou seulement le reflet de quelque chose d’autre.
En étant attentivement alerte, vous pouvez faire beaucoup : la plupart de vos maux vont simplement disparaître sans aucun traitement – aucun médicament n’est nécessaire.

« Montre-moi ce caractÈre »,  dit Bankei, « c’est tout à fait fascinant ! »
Un homme comme Bankei se met immédiatement à s’intéresser à ‘ce qui ne va pas’, pas au traitement. Il n’est pas psychanalyste ; un psychanalyste se met à rechercher le remède – et c’est là toute la différence.
Toutefois il y a maintenant une nouvelle tendance dans la psychiatrie, c’est de commencer par s’intéresser à ‘ce qui ne va pas’, et pas au traitement. De nouvelles tendances se développent : elles sont plus proches de la réalité, plus proches du Zen, et plus proches de la spiritualité. Au cours de ce siècle, la psychiatrie va se rapprocher de la dimension religieuse, et elle ne sera plus seulement un soin extérieur, elle va rÉellement devenir une force de guérison. La médecine ne s’intéresse qu’au traitement, alors qu’une force de guérison amène votre conscience à voir ce qui se passe réellement.
Sur cent maladies, mentales ou physiques, quatre vingt dix neuf vont disparaître simplement en mettant votre conscience sur elles. Ce sont de fausses maladies ; elles n’existent que parce que vous leur tournez le dos. Faites leur face, et elles disparaissent. C’est ce que signifie rencontrer les choses (encounter) – des groupes d’encounter peuvent beaucoup aider, parce qu’ils apprennent à rencontrer les choses comme elles sont. Ne cherchez pas de traitement, de médicaments, de quoi faire… en tout premier lieu il s’agit de savoir qu’est-ce qui est vraiment là. Le mental vous trompe de tellement de façons qu’une maladie peut apparaître en surface, alors qu’en profondeur il n’y a rien du tout. Ou bien une maladie apparaît en surface, mais quand vous allez plus profond, vous découvrez qu’il y a en fait d’autres maladies, d’autres problèmes, et ce qui apparaissait en surface n’était qu’une ruse pour vous tromper, ce n’était pas la vraie cause du mal. Un homme est venu me voir et m’a dit : « Mon mental est très perturbé, je suis continuellement tendu, plein d’anxiétés, je n’arrive pas dormir. Donnez-moi une technique de méditation : comment être silencieux et en paix. »
Je lui ai demandé : « Quel est réellement le problème ? Voulez-vous réellement être en paix avec vous-même ? » Il dit : « Oui, je suis un chercheur, j’ai été à l’ashram de Sri Aurobindo, j’ai été aussi à l’ashram de Raman Maharshi, j’ai été partout, et rien n’a marché. »
Je lui ai alors demandé : « Y avez-vous jamais réfléchi… que quand rien ne marche ça veut peut-être dire que le mal est ailleurs ? Ou bien que vous faites un mauvais diagnostic ?
Peut-être que la boite contient quelque chose d’autre que ce qui est écrit dessus ? Vous acceptez bien facilement que Sri Aurobindo ait échoué, que Raman ait échoué, et vous êtes allé partout… » Et il était très fier que tout ait échoué, et que personne n’ait été capable de l’aider - tout le monde était incompétent ! Et puis je lui ai dit : « Tôt ou tard vous allez partir d’ici et dire la même chose à mon sujet, car je ne vois pas que vous soyez un chercheur spirituel, je ne vois pas non plus que vous soyez vraiment intéressé d’être en paix avec vous-même. Dites-moi simplement quelle est votre anxiété. Pourquoi êtes-vous tendu ? Dites-moi juste quelles pensées reviennent constamment en vous, et pourquoi vous les avez. »
Il dit : « Je n’en ai pas beaucoup, seulement une : j’ai un fils, il est toujours vivant – mais il n’est plus mon fils. Je l’ai rejeté. Je suis riche, et il est tombé amoureux d’une femme qui n’est pas de ma caste, économiquement pas de mon niveau, sans éducation. Et j’ai dit à mon garçon  ‘si tu te maries avec cette femme, ne remets plus les pieds dans cette maison’.
Et il n’est jamais revenu ! Maintenant je suis vieux, il vit dans la pauvreté avec cette femme, et je pense continuellement à lui, et c’est CELA mon problème. Donnez-moi une technique de méditation. »
Je lui ai dit : « Comment cette technique de méditation pourrait-elle aider à quoi que ce soit ? – parce que la technique de méditation ne va pas ramener le garçon à la maison. Et c’est une chose tellement simple, il n’y a nul besoin d’aller voir Aurobindo, ou Sri Raman ou de venir me voir. Il n’y a pas besoin d’une épée pour résoudre votre problème, une aiguille suffit. Vous recherchez une épée, et les épées ont montré leur échec, car vous n’avez besoin que d’une aiguille. Il ne s’agit pas d’un problème spirituel, c’est juste l’ego. Pourquoi ne pourrait-on pas tomber amoureux d’une femme qui serait économiquement inférieure à soi ? Est-ce que l’amour est quelque chose d’économique ? Quelque chose que l’on doive aborder en termes de finances, d’économie, d’argent, de biens, de position sociale ? »
Je lui ai raconté une histoire :
Un responsable d’agence matrimonial vint voir un jeune homme et lui dit : « J’ai exactement la femme qu’il vous faut, une très belle jeune fille. »
Le garçon dit : « Ne m’embêtez pas avec ça, je ne suis pas intéressé. »
L’homme dit : « Je sais, mais attendez, j’ai une autre jeune fille qui apporte avec elle une dot de cinq mile roupies !? »
Le jeune homme dit : « Arrêtez de dire des stupidités, je ne suis pas intéressé par l’argent non plus ! Laissez-moi. »
L’homme dit : « Je comprends, vous ne vous souciez pas de cela. Si cinq mille roupies ne sont pas suffisantes, j’ai une autre jeune fille qui apporte une dot de vingt cinq mille roupies ! »
Le garçon répondit : « Sortez d’ici, parce que si un jour je me marie, c’est à moi de m’en occuper et pas à un agent. Sortez d’ici. Ne me mettez pas en colère ! »
L’agent dit : « Okay, maintenant je comprends. Vous n’êtes pas intéressé par la beauté, vous n’êtes pas intéressé par l’argent. J’ai aussi une jeune fille qui vient d’une famille avec une longue tradition, une famille très célèbre – tout le monde la connaît - il y a eu quatre premiers ministres au fil des temps venant de cette famille. Vous êtes bien intéressé par cette famille, n’est-ce pas ? »
Le jeune homme était en train de se mettre très en colère, et il s’apprêtait à prendre l’homme par le collet pour le mettre dehors. Finalement alors qu’il le poussait dehors sans ménagement, il dit : « si je me marie un jour, ce sera par amour et pour aucune autre raison. »
L’homme répondit : « Pourquoi ne l’avez-vous pas dit tout de suite ? J’ai aussi ce genre de jeunes filles !… »
J’ai raconté cette histoire à cet homme.
L’amour n’est pas contrôlable, c’est simplement quelque chose qui arrive, et dès que vous commencez à vouloir interférer avec, tout foire. Aussi je dis à l’homme : « Allez simplement demandez pardon à votre fils – c’est tout ce qu’il y a à faire. Aucune technique de méditation, aucun Aurobindo, aucun Raman, aucun Osho… personne ne peut rien y faire. Vous allez simplement voir votre fils et vous lui demandez pardon – c’est tout. Acceptez la situation et accueillez-le à nouveau. Ce qui vous trouble, c’est seulement l’ego.
Et si c’est l’EGO qui vous perturbe, alors le mal n’est plus le même. Vous recherchez la méditation, et vous croyez que par la méditation le silence va être possible ? NON ! »
La méditation ne peut être une aide que pour une personne qui est parvenue à une juste compréhension de ses maux intérieurs : quand elle a compris les erreurs de diagnostic et les erreurs d’interprétation, quand elle a compris ce qui existe vraiment et ce qui n’existe pas du tout… alors le conteneur est vide. Lorsque l’on est arrivé à comprendre cela, lorsque l’on a une profonde compréhension  de ses propres maux, alors quatre vingt dix neuf pour cent de ces maux disparaissent - et comme vous pouvez maintenant faire quelque chose, ils disparaissent complètement.
Il n’y a alors plus qu’une chose qui reste, et cette chose unique est la recherche spirituelle… une profonde angoisse, sans relation avec le monde, sans relation avec quoi que ce soit de ce monde : fils, père, argent, prestige, pouvoir – rien de tout cela. Cette angoisse n’a rien à voir avec tout cela, elle est simplement existentielle. Au plus profond, si vous arrivez à mettre le doigt dessus, c’est juste : comment se connaître soi-même. Qui suis-je ?
Cette angoisse devient alors la recherche.
À ce moment-là, la méditation peut aider – jamais avant.
Avant cela, on a besoin d’autres choses : une aiguille peut faire l’affaire, pourquoi transporter une épée sans nécessité ? Et là où une aiguille peut faire l’affaire, une épée conduira à l’échec. C’est ce qui arrive à des millions de gens tout autour du monde.

Ce Bankei est un maître. Il touche directement le point.
« MONTRE-MOI CE CARACTÊRE » dit-il « C’EST TOUT À FAIT FASCINANT. »
Vraiment c’est fascinant ! Pourquoi est-ce que Bankei dit que c’est fascinant ?- parce que tout la chose est fausse. Ce garçon, cet étudiant, n’a jamais regardé à l’intérieur de lui. Il recherche une méthode, alors qu’il n’a pas diagnostiqué quel était son mal.
« Je ne l’ai pas tout de suite » dit l’Étudiant, « je ne peux pas vous le montrer comme ça. »
Vous ne pouvez pas faire que la colère apparaisse comme ça, le pouvez-vous ? Si je vous dis : « Soyez en colère, tout de suite ! », qu’allez-vous faire ?
Même si vous la jouez, si vous parvenez à y faire croire, ce ne sera pas de la colère, parce qu’en profondeur vous resterez calme, en train de jouer un rôle.
‘Elle arrive sans prévenir !’ Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’elle arrive sans prévenir seulement quand vous êtes inconscient. Si vous ESSAYEZ de l’amener, vous serez conscient. Et elle ne peut pas se produire lorsque vous êtes conscient, elle ne peut arriver sans prévenir que lorsque vous êtes inconscient.  L’inconscience est une condition absolue, - sans elle, la colère ne peut pas se produire. Mais cependant le garçon ajouta :
« Je ne l’ai pas tout de suite » dit l’Étudiant, « je ne peux pas vous le montrer comme ça. » « Bon, alors » dit Bankei «  apporte-le moi quand tu l’auras. »
« Mais je ne peux pas vous l’amener juste lorsqu’il se manifeste, » protesta l’Étudiant, « ça se produit sans prÉvenir, et je vais le perdre en chemin avant de pouvoir vous le montrer ! »
Maintenant, Bankei l’a mis sur le chemin. Il a commencé à progresser un peu, il s’approche du but, car il est en train de devenir conscient de choses dont il n’avait encore jamais pris conscience. La première chose dont il prend conscience, c’est qu’il ne peut pas montrer cet état, comme ça, juste dans l’instant. Il ne peut pas le provoquer, c’est quelque chose qui arrive, quand ça arrive.
C’est une force inconsciente, vous ne pouvez pas la faire venir consciemment. Ça signifie - s’il va plus loin - que le prochain pas à faire est de rester conscient, car si vous restez conscient, ça ne peut pas se produire.
Même quand la colère se produit, si vous devenez soudain conscient, elle s’arrête. Essayez. Quand vous vous sentez vraiment en ébullition et que vous aimeriez tuer quelqu’un,  juste en plein milieu, brusquement, devenez conscient, et vous allez sentir que quelque chose change : comme un changement de vitesse, vous pouvez sentir le ‘click’ à l’intérieur. Quelque chose a changé, maintenant ce n’est plus la même chose. Votre être intérieur s’est détendu. Ça peut prendre plus de temps pour que les niveaux extérieurs se relâchent, mais l’être intérieur, lui, s’est déjà détendu. La coopération a cessé, vous n’êtes plus identifié.
Gurdjieff jouait un jeu très intéressant avec ses disciples. Vous étiez assis avec lui et il créait une situation, il vous disait ‘untel’, disons ‘A’, arrive, et lorsqu’il entrera je vais le rabrouer rudement, sèchement – et il faudrait que vous m’aidiez.’
‘A’ entrait et Gurdjieff se mettait à rire de lui, le traitant de parfait imbécile – et tout le monde regardait la personne et approuvait ce que Gurdjieff venait de dire. Et puis Gurdjieff disait des choses très désagréables sur la personne, et tout le monde hochait la tête et montrait son approbation. L’homme devenait de plus en plus furieux, et Gurdjieff continuait, et tout le monde continuait à approuver jusqu’à ce que l’homme s’échauffe de plus en plus et qu’il explose. À ce moment-là, brusquement, Gurdjieff disait : ‘STOP – REGARDE !’ 
Quelque chose se détendait alors à l’intérieur de la personne. Immédiatement l’homme comprenait qu’il avait été mis dans une situation, créée de toute pièce, et qu’il s’était mis en colère – et au moment où il réalisait cela - que Gurdjieff lui avait joué un tour - la vitesse changeait : il devenait alerte, conscient.
Le corps prend un peu de temps pour se relâcher, mais profondément, au centre, tout devient calme, et on peut maintenant observer ce qui se passe en soi.

L’étudiant est déjà en chemin – Bankei l’a tout de suite remis sur le chemin. La première chose dont il a pris conscience est celle-ci : ‘Je ne peut pas vous le montrer maintenant parce qu’il n’est pas là’.
« Bon, alors,  apporte-le moi quand tu l’auras. »
Un second pas est fait.
« Mais je ne peux pas vous l’amener juste lorsqu’il se manifeste, » protesta l’Étudiant, « ça se produit sans prÉvenir »
‘Je ne sais pas quand cela va se produire, je serai peut-être très loin d’ici, vous ne serez pas accessible, et même si je vous l’apporte, le temps que j’arrive, il ne sera plus là’. Il est déjà parvenu à une profonde compréhension.
Vous ne pouvez pas m’amener votre colère, le pouvez-vous ?… Parce que dans l’effort qui serait nécessaire pour l’amener, vous deviendriez conscient.
Si vous êtes conscient, l’emprise de la colère sur vous, lâche, elle commence à s’atténuer. Le temps d’arriver près de moi, il n’en reste plus rien.
Et c’était plus facile de rencontrer Bankei, que moi, c’est plus difficile de me rencontrer… vous devez passer d’abord chez Mukta ! Le temps d’obtenir un rendez-vous, et de venir me voir… ça ne sera plus là ! D’où le rendez-vous ! Autrement vous viendriez avec des problèmes sans nécessité. Ils tombent automatiquement d’eux-mêmes – et s’ils persistent, alors ça vaut la peine de me les amener.
Le temps que vous veniez me voir, vous aurez dépassé la chose. Cela veut dire que les choses qui vont et viennent ne méritent pas qu’on leur accorde la moindre attention, elles vont et viennent – vous, vous demeurez – elles viennent et s’en vont. VOUS êtes la ‘chose’ à laquelle il faut être le plus attentif. Les choses qui vont et viennent sont comme les saisons, le climat change : ce matin c’était différent, ce soir ce sera encore quelque chose d’autre. Ça change. Découvrez ce qui ne change pas.
L’étudiant a déjà atteint une belle compréhension. Il dit :
« ça se produit sans prÉvenir, et je vais le perdre en chemin avant de pouvoir vous le montrer ! »
« Dans ce cas » dit Bankei, « il ne peut pas faire partie de ta VRAIE nature. »

Parce que la vraie nature  est toujours là. Elle n’apparaît pas comme ça pour s’effacer un moment après, elle est toujours là. La colère apparaît, et s’en va ; la haine apparaît et s’en va ; votre soi-disant amour apparaît et s’en va…
Votre nature est toujours là.
Ne vous souciez donc pas tant de ce qui va et vient, autrement vous pouvez rester coincés dedans pendant des années et des années, pendant des vies et des vies, et vous raterez le point.
C’est pourquoi la psychanalyse Freudienne n’amène jamais de grands résultats.
Le patient reste étendu sur le divan pendant des années – trois ans, quatre ans, cinq ans, il n’arrête pas de parler des choses qui vont et viennent : ce qui s’est passé dans son enfance, ce qui s’est passé dans son adolescence, ce qui s’est passé dans sa vie sexuelle, ce qui s’est passé dans sa relation avec les autres – ça se poursuit sans fin ! Ça concerne ce qui s’est passé, et pas à qui s’est arrivé – et c’est toute la différence entre Bankei, et Freud.
Si vous êtes concerné par ce qui est arrivé, alors… tellement de choses arrivent ! En seulement vingt quatre heures, tant de choses se produisent… que si vous vouliez les raconter ça vous prendrait des années – et vous n’arrêtez pas d’en parler… C’est comme de passer votre vie entière à parler du temps, de ses changements : il a fait parfois très chaud, ça a été aussi très nuageux, il a plu, parfois une chose, parfois une autre ! Et où tout cela pourrait-il mener ?
Et qu’est-ce qui arrive ? Comment le psychanalyste aide le patient ? Il l’aide un petit peu. Il donne du temps, c’est tout. Pendant deux ans, vous allez parler continuellement des choses qui sont arrivées.
Ces deux ans, ou un an, ou plus, vous donne du temps ; des blessures se guérissent automatiquement, ça vous permet de vous réajuster. Naturellement une certaine compréhension se fait jour aussi, la compréhension qui arrive quand vous revenez en arrière pour regarder, et puis que vous repartez… un mouvement de navette dans votre mémoire. Une certaine compréhension se fait parce que vous devez regarder vos mémoires. Quelque chose de positif se passe juste grâce à cet examen… mais là n’est pas la chose principale.

Freud s’intéresse à votre exploration. Il pense que juste en racontant, en disant votre passé, en l’amenant à la surface avec des mots, en le verbalisant, quelque chose de profond se passe. Rien de profond ne se passe. Vous rejetez ainsi un peu d’ordures… En général personne ne vous écoute, et Freud et ses psychanalystes vous écoutent si attentivement ! Bien sûr, vous devez payer pour cela. Ce sont des écoutants professionnels. Ça aide d’une certaine façon, parce que vous avez besoin de parler à quelqu’un intimement – rien que cela aide. C’est pourquoi les gens parlent de leurs malheurs ; ça les détend un peu, quelqu’un les a écouté patiemment, avec compassion. Car autrement personne n’écoute personne - personne n’a le temps.
Bertrand Russel a écrit un petit conte. Dans le siècle à venir, le 21ième siècle, une grande profession va naître, celle des écoutants professionnels. Dans chaque rue, toutes les quatre ou cinq maisons, il y aura une maison avec un panneau : « Écoutant professionnel » - c’est ce qu’est la psychanalyse – parce qu’autrement personne n’a le temps, tout le monde est tellement sur-occupé. L’épouse sera incapable de parler au mari, le mari sera incapable de parler à sa femme, les gens feront l’amour au téléphone, ou se regarderont sur un écran. Ça va se produire… quel besoin y a-t-il de rencontrer un ami quand vous pouvez le voir sur un écran et qu’il vous voit aussi ? Les téléphones auront eux aussi des écrans et vous pourrez voir votre ami-e vous parler, et lui/elle pourra aussi vous voir, alors où est le problème ? Qu’allez-vous faire assis l’un en face de l’autre dans une pièce ? Vous vous voyez déjà : la distance est annulée par le téléphone et l’image… Le contact se perdra, alors on aura besoin d’écoutants professionnels.
Vous allez voir un psychanalyste et il vous écoute comme un ami. Naturellement vous devez payer – et la psychanalyse est maintenant la chose la plus chère du monde, seuls les plus riches peuvent se l’offrir. Les gens se vantent : « J’ai suivi une psychanalyse pendant cinq ans. Et vous, combien de temps ? » Les pauvres ne peuvent pas se le permettre.

Mais les méthodes orientales de méditation ont une approche différente : elles ne s’intéressent pas à ce qui vous est arrivé, mais à qui s’est arrivé. Découvrez-le : À qui ?
Étendu sur le divan du psychanalyste, vous vous intéressez aux objets du mental. Assis dans un monastère Zen, vous vous intéressez à découvrir à qui s’est arrivé – pas les objets, mais le sujet.
« Dans ce cas » dit Bankei, « il ne peut pas faire partie de ta VRAIE nature, car si c’Était le cas tu pourrais me le montrer n’importe quand. Lorsque tu es nÉ, tu ne l’avais pas, et tes parents ne te l’ont pas donnÉ non plus – c’est donc quelque chose qui te vient de l’extÉrieur. Je suggÈre que lorsqu’il t’envahit, tu te frappes avec un bÂton jusqu’À ce que ce caractÈre n’en puisse plus et s’enfuit. »

Il plaisante – ne vous mettez pas à vous taper dessus ; ne prenez pas le mot ‘bâton’ au sens littéral. Dans le zen, la conscience vigilante est appelée ‘le bâton’ - par lequel vous vous tapez vous-même. Il n’y a pas d’autre façon de vous frappez vous-même, parce que si vous prenez un bâton ordinaire, le corps sera frappé, pas vous. Vous pouvez tuer le corps, mais pas VOUS. Taper avec un bâton veut dire : quand vous êtes en colère, soyez conscient sans relâche ; amenez-y de la conscience, devenez alerte, attentif, et frappez avec la bâton de la conscience vigilante, intérieurement, sans arrêt, jusqu’À ce que le caractÈre impulsif n’en puisse plus et s’enfuit. 
La seule chose à laquelle le caractère impulsif ne peut pas faire face, c’est la conscience vigilante. De frapper seulement votre corps serait sans effet. C’est pourtant ce que les gens font – battre le corps des autres ou le leur. Ce n’est pas le sens de ce que dit Bankei – il plaisante, il utilise le mot symbolique que les gens du zen utilisent pour parler de la conscience de l’instant : le bâton avec lequel on doit se frapper.
Dans la tradition zen, quand un maître meurt, il donne le bâton, le ‘staff’, à son disciple en chef, à celui qu’il a choisit comme successeur, celui qui va le remplacer. Il lui donne le bâton qu’il a lui-même porté toute sa vie. La signification est la suivante : celui à qui le ‘staff’ est donné a atteint le ‘bâton intérieur’ – la conscience éveillée. Recevoir le bâton du maître est le plus grand cadeau possible, car cela veut dire que la maître accepte, admet, reconnaît que votre bâton intérieur est né maintenant ; vous êtes devenu conscient de ce qui vous arrive, de À QUI ÇA ARRIVE. Cette distinction est maintenant là. Un intervalle s’est produit, l’espace est là ; votre superficie et votre centre ne sont plus identifiés l’un à l’autre. Bankei dit : « Je suggÈre que lorsqu’elle t’envahit », cette colère, elle vient de l’extérieur. ‘Tu ne l’avais pas quand tu es né ; personne, pas même tes parents ou qui que ce soit ne te l’a offerte en cadeau, alors d’où vient-elle ?
Elle doit venir de l’extérieur – à la superficie tu es en contact avec d’autres superficies. Et tu dois capter par là des ondes qui circulent. Alors sois conscient – car au moment où tu es conscient, tu es projeté dans le centre’.
Soyez inconscient et vous vivez à la superficie.
Soyez conscient et vous êtes ramené au centre.
Et depuis le centre vous pouvez voir ce qui se passe en surface. Donc, si deux personnes se touchent en surface, ça peut créer des parasites à ce niveau, à la superficie, mais ça ne provoque aucun trouble pour VOUS. Vous pouvez en rire, vous pouvez vous en réjouir, vous pouvez dire, ‘c’est tout à fait fascinant’.
Il arriva que Bouddha traversait un village lorsque des personnes vinrent le provoquer, l’injurier, le traiter de tous les noms – et lui resta là, calme. Comme ils ne réagissait pas, ils se sentirent un peu bêtes. Et puis quelqu’un lui demanda : « Pourquoi restez-vous silencieux ? Répondez, dites quelque chose ! »
Bouddha dit : « Vous êtes arrivés trop tard. Vous auriez dû venir quelques années plus tôt, parce que là j’aurais réagit. Mais maintenant je ne me trouve plus là où vous pourriez m’atteindre avec ces choses, j’ai pris de la distance.
Je suis maintenant dans le centre, où vous ne pouvez pas me toucher. Vous êtes arrivé un peu trop tard. Je suis désolé pour vous, mais j’ai apprécié votre prestation ! Maintenant je suis pressé, parce que des gens m’attendent dans un autre village où je me rends. Si vous n’en avez pas fini, je repasserai par la même route au retour. Vous pourrez revenir. C’est tout À fait fascinant.
Ils furent stupéfaits. Que faire avec un tel homme ? Quelqu’un d’autre demanda depuis la foule : « Vous n’avez vraiment rien d’autre à dire ? »
Bouddha dit : « Juste dans le village précédent, les gens sont venus avec des gâteaux, des sucreries, mais je n’accepte quelque chose que lorsque j’ai faim, et je n’avais pas faim, aussi je leur est rendu leurs gâteaux. Et je vous le demande, qu’en ont-ils fait ? »
L’homme répondit : « Ils ont dû naturellement allé dans le village distribuer ces gâteaux aux gens, comme un cadeau venant du maître (prasad). »
Bouddha rit et dit : « C’est maintenant vous qui avez un problème, qu’allez-vous faire ? Vous m’avez amené ces mots grossiers, et je vous ai dit que je n’avais pas faim, alors maintenant reprenez–les ! Et je suis vraiment navré pour votre village, parce que les gens vont avoir ces mots obscènes, toutes ces vulgarités, en offrande. »
Quand vous êtes au centre, c’est tout À fait fascinant – vous pouvez apprécier les choses. Quand vous êtes calme, vous pouvez profiter du monde entier. Quand vous êtes en ébullition vous ne le pouvez pas, parce que vous êtes trop impliqué dans ce qui se passe, vous y êtes perdu, vous êtes identifié. Vous êtes tellement emberlificoté dedans, comment pourriez-vous en profiter ?
Ça peut paraître paradoxal, mais je vous le dis : seul un bouddha apprécie ce monde, parce qu’alors… tout est fascinant !

OSHO – And the Flowers Showered – chap. 3  -  2 novembre 1974   © Osho International Foundation

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